17 avril 2016 à 19:30 avec Myriame El Yamani
Cette femme, dont on ne se souvient plus du nom, s’est pourtant rendue célèbre par son métier peu banal. C’était une marchande de mots. Elle les collectait ici et là, les classait dans des cahiers, puis les rangeait dans des boites de différentes formes et couleurs, comme des trésors. Surtout, elle les proposait à tous ceux et celles qui en avaient besoin, moyennant un sourire, une rencontre, un mazag. Elle a parcouru les continents, traversé les saisons, discuté, marchandé, ri et pleuré avec des femmes et des hommes du désert, de la neige, de la mer et des montagnes. Sa passion était de ramasser des mots qui font encore sens aujourd’hui, alors que la majorité d’entre eux l’ont perdu ou sont devenus des coquilles vides. Des mots sensibles, sensitifs, sensés qui nous portent dans la vie. Dans ses voyages, la marchande de mots a découvert le peintre de la lune, entendu le chant du huard, s’est extasié devant la brodeuse de paysage jusqu’au jour où… Ce spectacle de conte est un hommage à la langue française et aux mots de toutes les cultures qui cheminent pour la suite du monde.Myriame El Yamani
« Myriame El Yamani connaît les secrets de ceux qui savent charmer une assistance, la faire voyager, la suspendre à son récit, faire naître un sourire vague et une lueur dans les yeux de ceux qui l’écoutent. Myriame El Yamani, dont le nom sonne comme un poème ancien, est une femme de parole, une femme d’écoute. Elle écoute sa voix, sait la manier, la poser, la suspendre, et s’en sert comme d’un instrument ».
Raphaël Lopoukine, Le Métropolitain, Toronto, 10 février 2010.
« C’est à Innucadie que j’ai fait la connaissance de cette diseuse de parlures, cette femme de parole, qui ne jette ses amarres que sur les mots nomades, vestiges bien vivants de ses origines yéménite, marocaine et vendéenne. Une question de respiration. Myriame conte. Elle conte partout. Elle conte sur tout. (…) Elle récupère au vol des mots entendus, des faits vécus, qu’elle alchimise en histoires nouvelles. Une passeuse d’histoires qui transmet la mémoire, mais pas de n’importe quelle manière ».
Blandine Philippe, Le Jumelé, Montréal, automne 2007.
« J’ai entendu une voix inaudible s’éloigner dans la nuit
C’était la voix d’une sage comme l’on dit, d’une « dît »
Elle criait à fendre l’âme son cœur au son des heures
Pour nous conter l’histoire des arbres et de leurs peurs.
J’ai entendu une voix inaudible s’éloigner dans la nuit
J’ai failli la toucher mais elle s’est pour de bon enfuie
J’ai eu le sentiment que ce son venait du fond de mon âme
Une histoire contée et racontée par une voix de femme. »
Solane Kenne, extrait du poème La conteuse dans C’est quoi être infidèle, éditions Société des écrivains, Paris, 2010, p. 24.
posté le 3 mai 2015 à 15:28 par jmmassie (pas de commentaire)