Simon Gauthier

Aux petites heures du matin, de l’autre côté de l’Atlantique, mon cellulaire ne cesse de vibrer comme le cliquetis du télégraphe porteur d’une bien triste nouvelle.  Une kyrielle de posts Facebook m’apprend la perte d’un être cher, de ces êtres de lumière qui vous élèvent là où vous ne pensiez jamais aller. Simon Gauthier faisait rêver avec ces petits riens de l’entre-lien qui ouvrent les ornières du possible. Un simple objet du quotidien devenait entre ses mains un instrument tutoyant la musique des sphères, une rafale de vent marin se métamorphosait par la grâce de son verbe en une épopée fantastique, tel était le don de Simon, transformer le plomb en d’inoubliables narrations. J’ai eu le privilège de faire partie du collectif Les Hommes à scie mené tambour battant par la scie électrifiée de Simon le magicien. Représentation après représentation, je ne me lassais pas de l’entendre conter pour une énième fois L’homme à la cervelle d’or d’Alphonse Daudet. Côté cours, l’oreille bien affûtée, je repérais les variations de Simon qui magnifiaient ce conte de soir en soir. Ainsi contait Simon, à la vitesse de ses coups d’archet, balayant tout sur son passage au rythme de ses envolées lyriques ornées de magnifiques affabulations oniriques. Je me console mon frère d’âme en ne doutant pas un instant que le passeur du Styx t’ait laissé dériver vers une autre vie, une autre galaxie palimpseste … celle des vagabonds célestes. Bien à toi où que tu sois Ton ami l’Homme Massie